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En renonçant à briguer un second mandat le 5 novembre, Joe Biden a pris acte de l’impasse dans laquelle s’enfonçait sa campagne présidentielle. Quatre semaines après un débat catastrophique face à Donald Trump qui avait relancé les interrogations sur son état physique, le démocrate octogénaire faisait face, il est vrai, à une pression grandissante de son camp, alarmé par des sondages inquiétants et de médiocres levées de fonds faisant craindre une déroute électorale.
Joe Biden a fini par placer avant son ego l’intérêt de son camp et des Etats-Unis en se résignant à devenir le président d’un seul mandat et en fixant un terme à une carrière politique de plus d’un demi-siècle. Une majorité d’électeurs n’exprimait aucun enthousiasme face à la perspective d’une réédition de la présidentielle de 2020 qui avait déjà opposé les plus vieux candidats de l’histoire du pays. Il faut donc saluer ce choix difficile qui plonge, parce que tardif, le Parti démocrate dans l’inconnu.
Peu après avoir rendu publique cette décision historique, le président sortant a apporté son soutien à sa vice-présidente, Kamala Harris. La cohérence de ce choix relève de l’évidence. L’ancienne sénatrice de Californie a été associée à toutes les décisions importantes du mandat qui arrivera à son terme en janvier 2025. La fonction de vice-président, dans l’ombre du locataire de la Maison Blanche, est traditionnellement ingrate. Elle n’en constitue pas moins le meilleur des apprentissages pour occuper le bureau Ovale.
Alors que la présidentielle se tiendra dans un peu plus de cent jours, le calendrier extrêmement resserré auquel est désormais confronté le Parti démocrate ne doit pourtant pas être le prétexte à une nomination précipitée. Le Parti républicain, spectaculairement renforcé par l’échec de l’attentat qui a visé Donald Trump le 13 juillet comme par une convention d’investiture réussie, dénoncerait immédiatement une manœuvre d’appareil.
Une primaire d’investiture ouverte dont l’épilogue serait la convention prévue à Chicago à partir du 19 août constituerait un véritable défi logistique, démocratique et politique. Les démocrates s’étaient rassemblés sans chaleur derrière Joe Biden depuis l’annonce de sa nouvelle candidature, en 2023, parce qu’il apparaissait, comme en 2020, comme un point d’équilibre parmi les différents courants démocrates. Rouvrir les débats au pas de charge pourrait mettre en évidence des divisions sur des sujets trop longtemps occultés, à commencer par celui de l’immigration, resté un angle mort de l’administration sortante.
Ces débats, aussi précipités soient-ils, sont pourtant indispensables. Kamala Harris avait laissé un souvenir pour le moins mitigé de sa candidature à la primaire de 2020, suspendue précocement, faute d’avoir convaincu. Elle a tout à gagner à s’exposer à la contradiction et à conquérir le soutien de son camp au lieu d’attendre sa nomination comme un héritage.
Le retrait de Joe Biden relance la campagne démocrate, pour la Maison Blanche comme pour le Congrès, mais jusqu’à un certain point. Mettre en évidence les menaces qu’un Donald Trump totalement décomplexé ferait courir aux institutions américaines est nécessaire mais insuffisant. La prochaine ou le prochain candidat démocrate à l’élection présidentielle doit également dire où précisément il veut conduire les Etats-Unis.
Le Monde
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